Une année d’ours
L’ours utilise au fil des saisons une grande diversité de milieux et de ressources alimentaires. Tour d’horizon d’un omnivore à sérieuse tendance herbivore.
Article d'origine par Marc Tourrette
Automne: graisse à tout prix !
L’automne, c’est la période cruciale de l’engraissement. Selon la quantité de gras accumulée va se jouer le succès ou l’échec de la reproduction future, voire la survie de l’ours. L’animal fréquente les forêts au fond des vallées. Il y recherche fruits charnus et noisettes. Il grimpe aux arbres pour cueillir les sorbes. Mais il se gave surtout de faines, de glands et de châtaignes. Quelques semaines avant l’entrée en tanière, vers la mi-novembre, il réduit son activité jusqu’à cesser de s’alimenter. Dans le Trentin, en Italie, les ours ne dédaignent pas le raisin et les céréales comme le maïs.
Hiver: le repos
A la mauvaise saison, l’ours ne sort que rarement de sa tanière. C’est alors pour s’alimenter ou pour changer de gîte en cas de dérangement. Au réveil, l’animal mange peu, car son appareil digestif doit se réadapter progressivement. Les faines et les glands conservés sous la neige sont essentiels à la fin de l’hiver pour lui permettre de reconstituer ses forces. Dans les monts Cantabriques, l’ours visite à cette période les alentours des fermes en quête de bétail mort abandonné par les éleveurs.
Printemps: l’appel du miel
Au début du printemps, l’ours inspecte les couloirs d’avalanche à la recherche de cadavres. Les plantes constituent pourtant 80% de sa nourriture du moment. Près de 40 espèces végétales figurent à son menu pyrénéen, 200 en Europe. C’est pendant leur croissance, période de plus forte teneur en protéines, que sont broutés les végétaux, notamment des pousses de graminées, fougères scolopendres, luzules des bois et prénanthes pourpres. Il fréquente volontiers les zones humides où la végétation est plus précoce.
Quelques semaines plus tard, il déterre des tubercules dans les pâturages, notamment ceux du conopode dénudé ou muguette. Il est capable d’écorcer sapins ou épicéas jusqu’à une hauteur de deux mètres pour consommer le bois tendre gorgé de sève sucrée. Enfin, il adore piller les ruches pour le miel et le couvain. C’est à cette saison qu’il se déplace le plus et peut couvrir jusqu’à 15 kilomètres par jour.
Eté: le sucré et le piquant
En début d’été, l’ours se nourrit dans les landes et pâturages d’altitude. Il y trouve une grande variété d’ombellifères et de fleurs composées comme des centaurées. Puis, au fur et à mesure que la saison avance, il privilégie les fruits charnus, framboises, myrtilles, bourdaines et nerpruns.
Les pierres retournées signalent la quête d’œufs et de larves de fourmis ainsi que la capture d’autres insectes, d’escargots ou de limaces. Les nids de guêpes et de bourdons sont recherchés tout comme les larves de coléoptères qui vivent dans le bois mort. C’est à cette période de l’année qu’il lui arrive de se servir dans le bétail à l’estive, au gré des occasions et de ses goûts.

Cet article est extrait de la Revue Salamandre
n° 194
Octobre - Novembre 2009
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